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#08 Les libellules.

Le nom qu’on leur a donné… Résidences secondaires (suite).

Ce que cela change de la voir de l’extérieur ou de passer devant vite, en vélo, en voiture, en courant. Qui aurait pu le croire ? Pas elle, si elle ne l’avait éprouvé. Un choc, la première fois.  Rentrant à la nuit tombée d’une balade sur la plage pour libérer un peu le chien et lui permettre d’affoler son cœur à courir à la limite de ses forces, parce qu’il était taillé pour cela, comme elle s’ouvrir grands les poumons il fallait, qui avaient besoin d’aspirer tout ce qui pouvait décapsuler l’étau du dedans, l’air froid, l’air vaste, l’air infini, l’air autour comme s’y baigner, s’en imbiber, avec tout ce que personnifie l’air de la mer depuis son enfance, ses bienfaits ressassés par chacun, son père dès son arrivée, sa grand-mère et son grand-père aussi, même sa mère s’y mettait pour alléger leur séparation, ça va te faire du bien, quand tout ce qu’elle aurait voulu, elle, c’est ne pas la laisser toute seule en juillet à Paris,  – l’iode qui rend intelligent et fait grandir, l’air de la mer qui donne de l’appétit, qui améliore le sommeil -. L’air de la mer allait peut-être en vérité constituer sa solution. Et pas seulement d’en avoir tant entendu prôner les bienfaits. L’air de la mer lui était devenu un baume miraculeux capable d’alléger le lourd du dedans qui n’en finissait pas d’intensifier sa prise. La première fois il venait d’y avoir l’air pour elle et courir pour le chien et elle était passée devant la maison d’un pas pressé. Il fallait bien rentrer maintenant. Son regard par-dessus le petit portillon du jardin. Et dans le froid de la nuit, la lumière orange de l’abat-jour du salon et juste à côté la lumière froide des spots lumineux du plafond de la cuisine d’un blanc laqué, ce /regarder chez elle/ avec le regard de celui qui passe, qui est à l’extérieur, le saisissement ressenti. L’envie traître qui l’avait captée à son insu, l’envie de vivre là où pénétrait son regard, l’envie de pousser la porte et de dire c’est chez moi. Et follement quelque chose s’était mis à danser au-dedans d’elle qu’elle ne comprenait pas. Depuis elle attendait que ça passe. Cette sensation d’être arrivée quelque part pour y rester. Chez elle.

Audio : écouter plutôt que lire…

Les libellules – Voix de l’auteure et scénographe, Nathalie Holt.

Le livre de Nathalie Holt : https://www.amazon.fr/Nathalie-Holt/e/B09LD7R2KY%3Fref=dbs_a_mng_rwt_scns_share

ou retrouver ses photos sur son compte Instagram Nathalie Holt (@holt.nathalie) | Instagram

Mon intention :

Pour continuer mon travail Le nom qu’on leur a donné… Résidences secondaires d’une station balnéaire de la Manche.

Une photo par jour, c’était sur ma page La vie en face ne vous déplaise | Facebook. J’avais volontairement laissé hors champ la villa. Parce que, avais-je écrit, « à regarder seulement la photo du nom de baptême, c’était comme regarder par le trou de la serrure et depuis ne rien voir, inventer, on pouvait ». C’est donc ce que je fais ici : pour chaque nom un bout de leur histoire dévoilé.

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