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Le samedi 9 mars, à l’occasion de la journée de la femme,
la médiathèque George Sand de St Genis Pouilly (Ain)
me recevra pour une rencontre littéraire à 15H
à l’occasion de la parution de mon livre « Elle parle des corps »
et organisera un atelier d’écriture gratuit en matinée.


Week-end du 18 novembre et 19 novembre, deux matinées à écrire ensemble…

Textes écrits lors de l’atelier du 18 et 19 novembre 2023 :

Silhouettes à partir de Gertrude Stein  et des photos noir et blanc de l’écrivaine et poétesse, Milène Tournier.[1] Milène Tournier — Wikipédia (wikipedia.org)

Voir ici (1) Facebook

Texte de Nathalie Moreau :

Les perles sont vertes, proche de l’émeraude, pas rondes ni carrées, entre les deux, bijou fantaisie il se porte ras du cou, donne un petit air de Jackie Kennedy, même si on voit qu’il n’est que pacotille.

Le pull, il est fin, se porte près du corps, col rond, couleur vert foncé imprimée de noir, motifs floraux, fait une jolie silhouette, les manches trois quart découvrent le bras.

Les chaussures, bouts pointus, couleur noire, le talon est minuscule, requiert un équilibre parfait moins par sa hauteur que par sa taille, elles doivent être inconfortables mais tellement élégantes.

Derrière la vitre. Il l’attend patiemment à l’extérieur, il la devine plus qu’il ne la distingue à travers la porte vitrée.

Il aperçoit sa silhouette parmi une accumulation de jambes, de pantalons, car c’est ce qui est à sa hauteur, qui se pressent devant le bar. Il croit reconnaître ses jambes en équilibre sur des talons si fins, il se rapproche du carreau dans un mouvement, se repositionne pour coller son nez , voir mieux, échappe un petit cri car il est sûr que c’est elle. Son port élancé, son équilibre parfait, il la reconnaitrait entre mille, bien sûr il sait que c’est elle car il l’a suivi du regard à partir du moment où elle est entrée et l’a laissé sur le seuil pour aller boire son petit noir du matin sur le zinc. Lui, il est persona non grata, soit, il n’a pas son chic mais quand même il serait bien rentré pour se frotter à elle mais il en est réduit à se coller la truffe à la porte pour l’entrapercevoir.

Texte de Myriam Vandamme :

Silhouette dans cette église à la place de cette personne allongée, on ne sait pas d’ailleurs si c’est une femme ou un homme. Peu importe puisque la silhouette, elle, oui on la devine. Elle porte une longue jupe bleue, un pull jaune et par-dessus une veste en lin naturelle. Pas la silhouette noire que l’on imagine voir en ombre chinoise : légère et flottante dans une robe noire. Non, celle-ci a peu de noir, voire aucun, ne porte pas même du gris. Elle n’est pas non plus élancée et mince malgré ses chaussures bleues aux talons pointus. Elle est même carrément petite, boulote à l’allure d’une statue de Botéro – ces belles femmes sculptées opulentes et pédantes de bonne santé, à ce point d’avoir des seins généreux prêts à nourrir tous les affamés de la terre. Mais en fait la nôtre de silhouette n’est pas si opulente que cela. Plutôt lourde avec beaucoup de bijoux à la Castafiore dans Tintin : collier de perles aux couleurs pastel, serre-tête multicolore, boucles d’oreille en nacre violet et argent comme la bague trop imposante qui lui mange tout l’annulaire.

Silhouette cette fois assez désarçonnante, inhabituelle car imaginer une silhouette, c’est plutôt croire à une forme de légèreté, d’envolée à la fois floue et aérienne qui se détache du sol et marche avec élégance. Le monde m’apprendra que s’il existe des silhouettes, elles sont diverses. Même dans l’infinie pesanteur qui peut nous happer de ci, de là, on peut débusquer, entr’apercevoir d’autres formes. Et entre la personne couchée sur le sol – que j’espère chaud – de la chapelle et la silhouette debout petite, lourdement vêtue et colorée, ce n’est qu’une question de regard sur le monde.

Textes d’Elisabeth Duret :

UN LIEU D’ABSENCE

La chaise fine disparait sous le corps débordant de l’obèse dont le poids repose sur ses avant-bras posés sur la table en formica, son dos ployé et voûté pour supporter la tête à moitié chauve de cet homme boudiné dans un jean et une chemise en nylon bleu, un homme qui maintient ouvert un livre à couverture rigide posé verticalement devant lui qui d’une main posée maintient les pages ouvertes, où donc se trouve cet homme, ici et maintenant dans le recoin de l’escalier de secours où personne ne viendra le déranger, ou bien au XIIIème siècle dans les palais de Barcelone sous le règne de Pierre III Le Grand, roi d’Aragon et de Sicile, abandonnant son physique ingrat dans l’espace anonyme mais magique d’où il peut se téléporter dans l’épopée chevaleresque d’une vie médiévale, peut-être une vie antérieure ?

A-t-il le droit de se trouver là ?

A-t-il le droit d’emprunter ce livre

A-t-il le droit de s’échapper de sa vie réelle

A-t-il le droit de s’évader de son corps

A-t-il le droit d’être à la fois présent et absent

A-t-il le droit de plus aimer le passé que le présent

A-t-il le droit de rêver

A-t-il le droit de se projeter dans un roi plutôt que dans un footballeur

A-t-il le droit de ne jamais traverser la rue

A-t-il le droit de traverser la rue

A-t-il le droit de délirer sur une ombre floue

A-t-il le droit de ne pas aimer les animaux

A-t-il le droit d’entrer dans le café aux chats

BANSKY COLORISÉ

Par la fenêtre ouverte au premier étage de la façade

Fenêtre blanche sur mur blanchâtre

Dont l’unique volet à persiennes est ouvert

L’autre manquant à ses charnières

Par le battant rabattu et l’autre entrebâillé

Sur l’obscurité touffue de l’intérieur

Se devinent des ombres d’un noir plus sombre

Par la fenêtre ouverte

Barrée d’une rambarde en bois dont la peinture blanche est écaillée

Sèche une serviette couleur de lait

Sur la serviette couleur de lait

Pliée en deux sur la rambarde écaillée

Un zèbre rayé bien entendu

Un zèbre blanc rayé de noir

Ou noir rayé de blanc, qui le sait ?

Un zèbre rayé, ou plutôt un demi-zèbre,

Quatre pattes, demi poitrail, demi ventre, demie croupe

L’autre moitié du zèbre, tête dos et queue

À l’envers sur l’autre partie de la serviette

Face à la pièce ténébreuse

Par-dessus la serviette couleur de lait

Agrippant le corps du zèbre rayé

Deux mains baguées de vert, violet et rose fané se cramponnent

Sous ces mains baguées descendent des poignets nus

Et juste avant le coude un froufrou de plumes jaunes

Des manches de laine rejoignent des omoplates

Sous un décolleté bordé du même boa de plumes jaunes

Entre ces bras tendus un béret

Un rond de feutre couleur fuchsia

Au-dessus du pull jaune retroussé dévoilant la taille dénudée

Où s’accroche un peu plus bas la ceinture d’une large jupe

Donc la teinte hésite entre vieil or et moutarde

Les plis de la jupe en laine pendent comme un rideau

Jusqu’à l’ourlet ondulant

Recouvert d’un liseré de plumes jaunes

Deux mollets nus se tendent

Terminés par des richelieu bleu gitane

Dont le bout pointu flotte

À trente centimètres du sol de macadam.

Lâcher le zèbre.

Texte de Raymonde Interlegator :

 Sac à main

Le cuir n’est pas la bête, une couleur naturelle évoque pourtant les prés à l’herbe bien grasse et des sabots coordonnés à la couleur du sac…Des poches dans une poche à secrets à l’écoute des confidences. Et aussi on pense à la panse deuxième estomac du bovin, finalement de la bête à l’accessoirisant il n’y a pas loin…

Les souliers époux de nos pieds imparfaits, nous protègent du froid du chaud des pipis de chiens et de leurs crottes, de la neige et tout cela avec grande mansuétude, adoptent nos épreuves  nous poussent à avancer dans la vie par cette succession de coup de pied au cul et finissent par sensualiser nos appétits de séduction. Vraiment c’est le pied.  

Les lunettes nous parlent de nous,  se sont les oreilles de nos yeux, leurs formes rondes parfois carrées ou entre les deux leurs montures épaisses, écailles, colorées de marque, aux verres anti-reflets anti-brouillard inventent nos histoires On les porte sur la tête en bandoulière, le plus souvent on les cherche comme pour se retrouver.

Pour les textes suivants, la proposition était que chaque participant tire deux cartes du livre « L’esprit d’escalier » de Pierre Ménard qui a fait l’objet d’un article enthousiaste de ma part ( lien : Objet insolite L’impermanence des traces (annedejardin.com) et d’écrire un texte pour lier les textes des deux cartes ou un qui se placerait avant ou après ces deux cartes. Donc pour chaque écrivant, deux cartes différentes que je ne peux retrouver pour placer ici dans la continuité de leur texte.

Texte de Nathalie Moreau :

Saint-Charles

Encore un matin blafard, embrumé dans les restes d’un sommeil trop court, j’avance dans la gare, emporté par mes condisciples vers la sortie, tous mus dans un seul élan automatique, atteindre la sortie, le parvis, le haut des marches de l’escalier qui domine la Canebière. Eléments isolés, chacun dans sa bulle, perdu dans ses pensées, les neurones au repos se reconnectant petit à petit on retrace les gestes du matin telle une check-list pour vérifier que l’on n’a rien oublié, « j’ai bien éteint le gaz sous la bouilloire, j’ai pensé à faire sortir le chat, j’ai fermé la fenêtre de la cuisine … » Et on sent comme une énergie se former au-dessus de toutes ces têtes encombrées qui se précipitent vers cet escalier pour le descendre de façon automatique, mouvement répété et comme un seul animal à plusieurs pattes, on dévale les marches sans y penser. Je fais partie de ce tout en mouvement.

Trajet

Et chaque trajet est un nouveau voyage, chaque capture de paysage comme une photo où mon esprit vagabonde imaginant la suite, me projetant dans l’imaginaire d’autres vies, de rues inconnues, pourtant si proches mais jamais foulées, que je me dessine dans ma tête comme des territoires merveilleux et à travers desquels jamais je ne déambulerai car ils n’existent pour moi que pour être fantasmés, occuper mon esprit dans mes trajets quotidiens, lui offrir sa part d’aventure.

 Je fais ainsi des voyages en terre étrangère qui me ravissent et réinventent les paysages traversés.

Texte de Myriam Vandamme :

L’escalier, est-ce une infinie tristesse comme le souvenir du petit Marcel, que son père contraint de regagner sa chambre, alors qu’il voulut pour la nième fois embrasser sa mère ou est-ce une immense joie comme aujourd’hui pour Elena qui les monte et pour se sentir en fluidité et pour découvrir cette ligne de crête de 180 degrés?

L’escalier dans son enfance lui semblait éloigné de la vie au rez-de-chaussée, oui elle le montait chargée de son cartable au retour de l’école, triste de devoir quitter la cuisine après avoir pris ce si bon goûter avec son frère jumeau préparé par leur mère.

Le seul bon souvenir qu’elle en avait était quand elle et ses frères et sœurs jouaient à chef d’orchestre. Ce dernier, debout dans le vestibule et avec un cintre, dirigeait le frère ou la sœur qui à cheval sur la rampe, retenu par la pomme de pin en cerisier qui signifiait le début ou la fin de l’escalier chantait, à tue-tête une cantate de Bach ou Amsterdam de J. Brel.

Mais alors quand Elena se retrouva dans sa nouvelle maison, elle eut le coup de foudre pour cet escalier. Elle le montait trois à quatre fois par jour, il y avait quatre volées et un escalier de meunier qui menait au ciel, qui menait à ce toit-terrasse- la tropézienne – d’où de cet endroit Elena ne ressentait que vibration, l’envie de contempler, de s’asseoir pour lire et quelques fois relever la tête. Du haut de cet escalier de meunier le ciel était beaucoup plus beau qu’en bas, la lumière beaucoup plus claire, l’horizon beaucoup plus ouvert…

Texte d’Elisabeth Duret :

Je viens d’avoir 60 ans. Au journal, chaque année au moins un de mes collègues part à la retraite. Ceux qu’on appelait affectueusement « les vieux briscards », ceux dont on enviait la mémoire riche du Marseille d’avant, voire d’autrefois. Il y en avait deux qui habitaient dans mon quartier de l’Escalet, une documentaliste et l’archiviste en chef. On se croisait à notre petite station, un sourire, quelques mots, et chacun rejoignait sa place attitrée dans l’un des trois vieux wagons de cette ligne en désuétude. Pas envie de bavarder mais besoin de profiter d’un temps pour soi avant et après la frénésie de la ruche, comme on surnommait la rédaction. Un jour de pluie, la documentaliste avait glissé sur les marches en pierre de Cassis de l’escalier monumental, juste devant moi. Je m’approchais et elle me tendit les bras comme une enfant pour se relever. Vision rapprochée, larmes perlant à ses paupières, effluves d’un parfum discret, bavure de rimmel, quelques cheveux blonds égarés sur le blazer sombre. Je lui tins le bras jusqu’en bas. Une fois sur le macadam nous nous sommes écartés, elle trottant à petits pas, moi un peu en arrière, à lentes enjambées, poursuivant le même chemin vers le même lieu où nous nous sommes dilués.

Depuis, la solitude me pèse.

Texte de Raymonde Interlegator :

A la carte de Pierre Ménard

*On ne pense pas assez aux escaliers pourtant on en rêve comme si l’escalier nous entraînait immédiatement dans un monde inatteignable, une mise en abîme de notre vie.* J’ai rêvé que j’habitais au bord de mer. J’ai rêvé que tous les immeubles du centre-ville s’effondraient sur eux-mêmes *comme on s’enfonce dans les sables mouvants de nos émotions celles dont nous avons tapissé notre inconfort intérieur*. J’ai rêvé que j’avais deux filles et que je les accompagnais se baigner dans les calanques en plein été. J’ai rêvé qu’elles se noyaient *comme on se noie dans le chagrin de l’absence*. Un homme les sauvait in extremis. Il les portait à bout, sans aucun mal, elles semblaient légères entre ses mains J’ai rêvé que je ne parvenais pas à voir son visage au moment où je m’approchais de lui pour le remercier, émue aux larmes, il détournait son visage lorsque j’essayais de le regarder en face, fuyant. Il était masqué. J’ai rêvé que je portais une robe de mariée *je cherchais le visage de l’amour* que les gens dansaient autour de moi , j’étais seule sans partenaire au milieu de la piste de danse la musique m’entraînait dans sa mélodie, ses rythmes guidaient *les battements de mon cœur*. Un homme s’est approché de moi, il a tendu les bras pour m’inviter, je l’ai reconnu. Ce n’était plus l’homme de la plage, c’était l’homme des escaliers, *un autre rêve dans lequel* il me parlait de sa relation aux femmes. « j’ai l’impression que ma relation aux femmes a évolué ces derniers temps *je me demandais de quels temps il parlait, le temps du rêve et de quel rêve, le temps de la réalité, la sienne la mienne ?* je fais le chemin fouillant le sol me *dit-il, loin des sables mouvants.* Je parle des corps laissés au coin du mystère, du mensonge qui ne veut plus rien dire *le mensonge est-il un rêve qu’on n’a pas encore rêvé ? Je me  disais par exemple avant de m’endormir seul dans mon lit que la beauté d’une relation peut être dans la délicatesse de cette attitude qui voulait qu’après avoir passé une agréable soirée avec une femme dont j’apprécie la compagnie, je reste sur le pas de la porte, la regarde partir, l’accompagne du regard traverser le jardin devant la maison rejoindre la rue sans même se retourner, *même si secrètement elle aimerait le faire*, ouvrir la porte métallique qui grince *ce grincement scellera ce moment unique,* ce portail grince depuis des années. La voir s’éloigner derrière la grille, la voir disparaître au coin de la rue sans se retourner comme dans un rêve récurent, un pincement au cœur, *ce temps inexistant peut s’arrêter* et se replier à l’intérieur, espérant jusqu’au dernier moment qu’elle nous regarde, qu’elle nous sourit ou nous adresse un regard, qu’elle se retourne et avec un bref mouvement de la tête, nous offre un amical salut, *j’aurais espéré qu’elle revienne sur ses pas et vienne poser ses lèvres sur les miennes.

A propos d’un objet souvenir :

Texte de Raymonde Interlegator :

Le tisonnier noir lisse et brillant est accroché à la barre métallique du poêle à charbon en fonte émaillée brune. S’en emparer avec prudence et rigueur pour ne pas s’y brûler ; en bout, son crochet en demi-cercle terminé d’une pointe sert à ferrailler les braises incandescentes quand le combustible – le meilleur qui soit, l’anthracite, foi de charbonnier -, se consume efficacement et nous offre une chaleur enveloppante, réconfortante. Le corps se détend et chaque muscle s’étire à la manière du chat. Le son du charbon consumé que l’on remue du tisonnier est un frottement il rappelle le temps écoulé trop vite avant de devoir aller remplir le seau quatre étages plus bas, descendre dans ce labyrinthe à la lumière de la bougie c’est descendre à la mine, se courber, puiser à la pelle le flanc de cette montagne impénétrable et remonter à toute allure, éviter les monstres cachés aux entournures, et se retrouver enfin à la lumière d’une ampoule pourtant bien faiblarde. Ecouter l’éboulement des boulets que l’on vide dans la gueule du poêle est une promesse de bien-être et de sécurité. La chaleur dilate les pores et tous les sens, le rêve peut s’installer et les peurs partir en fumée.

Le tisonnier

Le tisonnier est-il venu pour remuer les cendres avant que les cendres existent ?

Est-ce que le tisonnier sert à remuer le cœur des hommes pour aimer les femmes ?

Ou le contraire ? Est-ce que le tisonnier peut être fabriqué en carton ou en papier mâché ?

Mâcher est elle la particularité du tisonnier ?

Le tisonnier peut-il servir à retourner la terre ?

Il peut être tiré par un cheval de trait pour en faire une charrue ?

Est-ce qu’on met le tisonnier avant les bœufs ?

Et peut-on châtrer les bœufs avec un tisonnier ?

Ouille ça peut faire mal un tisonnier parce que ça fouille le charbon ardent

Peut-on pendre la crémaillère avec un tisonnier ?

Ça dépend de quel côté on se place

Dans la cheminée comme le père noël ou dans la marmite de la mère Royaume pour ébouillanter les savoyards pour la fête de l’escalade à Genève ?

Un tisonnier peut-il se confondre avec des tisons ?

Noël au balcon Mars aux tisons,

Peut-on escalader la montagne avec un tisonnier à crampons ?

Un piolet peut-il être aussi un tisonnier

Est-ce qu’on peut quitter son tisonnier sans risquer de se faire traiter de sorcière

Est-ce que le tisonnier peut remplacer son balai ?

Est-ce que le tisonnier est le fruit du hasard ?

Est-ce que le hasard fait bien les choses une synchronicité brûlante en quelque sorte

Le tisonnier est-il une arme de séduction ?

Peut-on attraper l’âme de l’autre avec n’importe quel tisonnier ?

Texte de Myriam Vandamme :

Depuis l’enfance, me restait ce bonheur, tout petit, tout simple, je m’y léchais les babines déjà au retour de l’école : j’allais goûter, j’adorais ce moment., j’étais gourmande, c’était le temps chéri de ma journée. Un jour, Maman préparait un pudding, un autre, nous faisions ensemble du pain-perdu, les autres jours, nous mangions des tartines ou un quatre-quarts… Trop bon ! Tout récemment alors que je passais quelques jours dans un village du Kent, qu’elle ne fut pas ma surprise de voir une part de ce gâteau trônant seule sur un plateau dans une bakery tea room. Pourtant, ce village endormi n’augurait rien de bon: il pleuvait, il n’y avait pas âme qui vive, tout tumulte avait disparu. Lorsque je le vis, je tressaillis de joie, je me mordis les lèvres. Je le goûtai rien qu’avec les yeux. C’était une part de pudding. Je ne pus l’acheter mais me revins la recette de Mam : du vieux pain sec trempé dans du lait auquel on rajoutait sucre, raisins de Corinthe, un chouya de rhum et du jus d’orange avant de le cuire au four. J’adorais.

À l’adolescence, je renonçais à ces goûters maison. Tout ce qui ressemblait à des effluves sucrés ne me faisaient nullement saliver quoi que ce soit de souvenir heureux. Je compensais cette période un tant soit peu torturée par le passage au magasin du coin où, à la sortie de l’école, je me ruais pour acheter pour deux sous quantité de cuperdons, réglisse et chocolats à la guimauve.

Aujourd’hui, à 65ans, alors que je venais de déménager dans un village provençal et que je me rendais à la boulangerie artisanale du village voisin, je sus intuitivement que j’allais ressentir une forte émotion. J’eus le regard attiré par des morceaux impressionnants de pudding que le boulanger avait disposé à coté de la caisse. Soudain, je revis le bonheur du goûter de mon enfance. J’achetai cette fois une part, j’avoue, elle était pour deux personnes, que je mangeai toute seule, égoïstement. Quelle extase !

Je voulus ritualiser ce moment. Le boulanger avait quitté les lieux. Le nouveau ne faisait plus de pudding ! Avais-je rêvé ou … ?


[1] Milène Tournier — Wikipédia (wikipedia.org)

J’anime des ateliers d’écriture depuis de nombreuses année avec le même bonheur. Mais cette page est encore en construction.

Je peux me déplacer dans les bibliothèques qui souhaitent faire découvrir cette pratique, je peux aussi présenter mes livres et échanger à propos de l’écriture.

En attendant que j’actualise cette page, voici une petite vidéo amateur qui donne un exemple de ce qui peut advenir dans une cuisine…