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#16 Villa Mathilde

Le nom qu’on leur a donné… Résidences secondaires (suite).

C’est précisément l’histoire qui ne se raconte pas, surtout pas. Celle dont on ne saura rien, celle qui garde dans le désir, l’envie violente qui bute contre l’empêchement. Ainsi les postillons de Brel contre ses propres dents qui déjà voudraient la dévorer, bien avant son retour, puisqu’elle est revenue.  Sa sueur déjà devançant sa présence, gouttelettes en jets rendues brillantes par le spot de lumière qui tombe sur le costume sombre dans le film en noir et blanc. Et Mathilde, version Fanny Ardant, allez savoir pourquoi, chacun se la fabrique, sa Mathilde, son retour, le désir, la sueur et la salive et le reste dans l’immaculé des draps qui sentent le frais de ceux qui ont tout le jour claqué au vent marin, ses bras trop longs pour les manches du costume d’où sortent les mains, tendus vers elle, longs et trop courts à la fois, qui ne l’atteindront pas, qui bientôt, on le pressent, se refermeront sur du vide. Qui retomberont  plus bas que ce vers quoi ils s’élevaient, plus bas que terre, puisqu’il retourne en enfer, c’est ce qu’il annonce à sa mère. La fascination qu’elle semble en avoir gardé, la photographe, puisque de cette villa, il y a plusieurs clichés, qu’il tient entre les mains, quand pour toutes les autres, une seule lui a suffi. La fascination exercée sur la photographe par celle qui avait osé porter ce prénom, construite tout à côté de l’hôtel du casino, mais pas en bord de mer, un peu en retrait, au milieu de cette petite station balnéaire qui a manqué son heure de gloire, le rêve fou d’un Armand bâtisseur, que la guerre était venue flanquer par terre, elle seule avec son prénom, Mathilde, à garder la hauteur de ses ambitions à lui, quand l’Hôtel du Casino a été haché menu et vendu par lots en appartements trop nombreux. Son histoire à elle ne se raconte pas. Parce qu’à chacun la sienne. Comme à chacun sa Mathilde.

Audio, écouter plutôt que lire…

Villa Mathilde – Voix de l’écrivaine, Françoise Renaud

Retrouver Françoise Renaud sur son site :

Site : https://www.francoiserenaud.com/

blog Terrain Fragile

Mon intention :

Pour continuer mon travail Le nom qu’on leur a donné… Résidences secondaires d’une station balnéaire de la Manche.

Une photo par jour, c’était sur ma page La vie en face ne vous déplaise | Facebook. J’avais volontairement laissé hors champ la villa. Parce que, avais-je écrit, « à regarder seulement la photo du nom de baptême, c’était comme regarder par le trou de la serrure et depuis ne rien voir, inventer, on pouvait ». C’est donc ce que je fais ici : pour chaque nom un bout de leur histoire dévoilé.

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7 Commentaires

  1. Suis très touchée de réentendre ce texte après coup…
    je n’étais pas sûre d’avoir adopté la bonne musique, mais une certaine gravité était nécessaire…
    Merci pour ces partages, chère Anne

    1. Merci d’être passée, chère Françoise, merci aussi d’avoir pris de ton précieux temps pour offrir ta voix au texte. Tu as trouvé le ton qui lui convenait parfaitement. J’aime ce que vos voix font à chaque texte. Elles le transforment et pour moi c’est à chaque fois surprise et émerveillement devant telle métamorphose. Gratitude, Françoise.

  2. super Anne de te lire et de découvrir des voix, ces petits rendez-vous en toute simplicité suscite un moment de calme, de rêverie voire d’intimité…

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